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La Belle Epoque ou l’ébullition culturelle parisienne

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Le Moulin Rouge en 1910
Le Moulin Rouge en 1910

Paris, alors parangon absolu de la modernité, se transfigure à bride abbatue. Alors que les tramways électriques et les taxis succèdent aux omnibus à chevaux, la première ligne du métropolitain est étrennée en 1900 et l’éclairage électrique se substitue rondement aux becs de gaz dans les grandes voies. Des ouvrages architecturaux, bâtis avec des matériaux modernes, tels le béton ou le verre, ornementent l’ancienne Lutèce. Parmi ces réalisations, la gare et l’hôtel d’Orsay et l’optique du Grand Palais. L’Exposition universelle figure la France ardente, pétulante ainsi qu’entreprenante. Parallèlement, un emballement collectif pour les lieux de spectacle de Paris est notable. Ainsi, le « Tout-Paris » mondain mais également les « petites gens » se réunissent. Le théâtre classique se dépoussière avec des auteurs tels Edmond Rostand. Les spectacles de danse suscitent par ailleurs un grand intérêt : en 1909, les nouveaux ballets de Diaghilev triomphent au Châtelet avec Nijinski. Mais ce sont surtout les théâtres de boulevard qui connaissent un franc succès, avec les comédies de Georges Feydea. Paris est alors un espace de convergence des artistes, un terreau fécond, une pépinière de talents. Artistes et écrivains s’y croisent dans les cafés comme la Closerie des Lilas. Des propriétaires de galeries subventionnent ponctuellement les peintres avant-gardistes. La capitale rassemble toutes les composantes d’une vie artistique foisonnante, laquelle mêle art académique et courant d’avant-garde. Elle deviendra d’ailleurs la capitale mondialement reconnue et incontestée de l’Art nouveau avec, en 1900, la commande faite à Guimard de réaliser les entrées des stations de métropolitain.

De manière concomitante, la lecture et écriture se démocratisent. Depuis que les lois Ferry de 1881-1882 ont institutionnalisés l’école primaire gratuite, obligatoire et laique, la scolarité augmente. Assurément, les taux d’absentéisme demeurent élevés, surtout dans le monde rural. Parmi les générations anciennes, les populations analphabètes sont encore nombreuses, majoritairement dans les milieux populaires et bon nombre de Français parlent toujours des patois régionaux et langues vernaculaires. Les bacheliers restent une élite. Néanmoins, l’école participe à la constitution d’une certaine « culture de masse » nationale, inculque les valeurs ainsi que l’idéal républicain. Elle fait entrer le pays de la culture dans « l’ère de l’écrit » : la presse connaît par ailleurs une diffusion inégalée et se diversifie avec l’apparition des illustrés pour enfants comme La Semaine de Suzette.

La consommation s’accroît, laissant davantage de place aux dépenses non-alimentaires. Toutefois, le logement des strates populaires reste souvent insalubre. L’amélioration globale ne fait pas écran à une lecture correcte de la réalité, id est ne cache pas la disparité endémique entre quartiers riches et pauvres. A Paris, les quartiers de l’ouest s’opposent sensiblement au Paris ouvrier n’ayant pas fait l’objet d’une mutation par les travaux du baron Haussmann. L’hétérogénéité est grande également entre Paris et la province, profondément attachée à sa hiérarchie sociale particulière, ses célébrations traditionnelles, ses loisirs. Mais le cinéma, mis au point par les frères Lumière en 1895, et la pratique de la photographie, parviennent à pénétrer jusque dans les petites villes ainsi que les campagnes grâce aux projectionnistes et photographes ambulants notamment.

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